Colloque 2023 : samedi 25 mars 2023


PUISSANCE DE L'OMBRE : entre individuel et collectif. 


ARGUMENT

Notre monde contemporain est animé de mouvements divers : certains destructeurs, d’autres constructeurs.

Mais l’aspect constructeur peut être mis à mal par des forces non reconnues, balayées d’un revers de main par le conscient , lequel campe dans des positions excluant l’analyse, la prise de recul, l’interrogation sur soi et sa culture.

Ce déni, ce refus des réalités inconscientes, agissantes tant dans le psychisme individuel que dans celui du collectif sociétal (culturel, politique) risque de bloquer  les potentialités évolutives qui pourraient émerger .

Cette situation, qui pourrait être qualifiée « d’ombre blanche » doit être reconnue, repérée, évaluée à l’aune des savoirs contemporains comme traditionnels, qu’ils soient historiques, philosophiques, sociologiques, psychanalytiques .

Ce colloque, par ses intervenants, proposera des pistes de réflexion sur la mise en lumière des bouleversements à l’œuvre.


Programme

 8h45 Accueil des participants 

 

9h15

Ouverture du Colloque et présentation de la journée par le Président de l'AJPO

 

 

9h30

« Une réflexion sur les formes d’obscurité dans la vie quotidienne » 

 

Par Marcia Tiburi:

 

écrivaine et philosophe brésilienne, professeur à Paris 8 Vincennes Saint-Denis

 

 Nous retrouvons le thème de l'ombre dans l'allégorie de la caverne de Platon, déjà associé au thème de l'inconnu qui résiste à la connaissance. La philosophie dite des Lumières est une guerre contre l'ombre de l'ignorance et de l'obscurantisme. Cependant, en tant que méthode, cette philosophie implique la génération d'ombres et même leur refoulement. La grande erreur de l'Occident philosophique est d'avoir perdu la communication avec l'ombre et de ne pas avoir respecté sa nature dialectique. En tant que domaine, la psychanalyse est née de la discipline qui a reçu l'héritage des ombres dans l'histoire de la philosophie, à savoir l'esthétique. La psychanalyse est le travail d'investigation de l'ombre, comme si elle pénétrait dans la chambre noire de la subjectivité de chacun et des instances collectives. Analyser le jeu des projections et des signifiants liés à l'ombre, au sombre, aux hantises (l’ombre du fantôme), peut nous aider à comprendre l'éternel retour de ces aspects dans le monde d’aujourd’hui.

 

10h15

« Crise climatique: l’impossible prise de conscience »

 

 Par Joël Decarsin

 initiateur de l'association technologos, "penser la technique aujourd'hui."

 

 Les débats sur la crise climatique sont aussi vains que nombreux et animés car les discours pour « sauver la planète », d’où qu’ils viennent, sont sans aucun effet en regard de la volonté de puissance qui façonne le Zeitgeist.  L’humanité ne peut en effet s’empêcher de souiller la nature car inconsciemment elle la  désacralise ; et ce faisant  elle sacralise ce par quoi, elle désacralise la nature, en l’occurrence la technique, symbole par excellence de la volonté de puissance Ce transfert du sacré reste un impensé, refoulé dans l'ombre et il le restera tant que l'inconscient ne sera pas reconnu comme une instance psychique à part entière, au même titre que le moi et avec lequel le moi se doit de dialoguer. 

Mais aussi tant que les théories jungiennes ne se seront pas confrontées à la pensée technocritique, condition indispensable pour qu'elles sortent... de l'ombre et entrent dans le débat public. Le "sauvetage de la planète" ne peut s'opérer que si l'humain se confronte d'abord à ses démons, à commencer par sa volonté de puissance.

 

11h-11h15 PAUSE

11h30

 « Parcours d’une artiste entre Ombre et Lumière »

Par Naïma Chemoul

Auteure, compositrice, interprète

 

A partir de sa chanson La Barca, Naïma Chemoul nous entraîne au fil de sa recherche personnelle et artistique, sur une mémoire oubliée et enfouie, en lien avec l’ombre, entre individuel et collectif, vers une lente renaissance et redécouverte d’une langue, de racines, et de bien d’autres choses.

Elle accompagnera sa présentation de 2 ou 3 chants a cappella. Ces  chants dans des langues différentes  témoignent de moments précis de ses redécouvertes et de moments clefs de cette émergence. Un partage poétique.

 

 14h00

«  Un cri dans le noir »

 Par Roberto Gambini 

psychanalyste jungien résidant à Sao Paulo

 

Le thème central de cette étude est de développer une réflexion sur la plus grande préoccupation de Jung, sa peur de l'inconscience de l'humanité. À partir de lettres écrites à ses collaborateurs, l’auteur montre comme Jung a été "au cœur" d'un problème mondial : l'inconscience de l'humanité est la matrice de l'ombre qui n'est jamais reconnue. L'ombre qui découle de la cécité menace la vie sur la planète et conduit l'humanité vers un possible effondrement de la civilisation occidentale. A partir de ce fil rouge, l'auteur tente de comprendre les effets de ce phénomène dangereux, l'archétype de l'ombre, que l'on peut appeler "le Mal lui-même" ou, comme il le nomme, "l'Archétype de l'Anti-vie".

 

 15h00

« Le moi désarçonné »

Par  Pierre Willequet

Docteur en psychologie et psychanalyste jungien.

 

 La situation actuelle du monde et de la civilisation occidentale en particulier, inquiète de nombreux individus qui se sentent, de façon diffuse ou flagrante, désorientés. Cette situation – du point de vue écologique, économique ou spirituel – possède néanmoins une histoire et s’inscrit dans un formidable mouvement que l’on peut qualifier en tant qu’avènement et glorification du Moi. La psychanalyse, dans nombre de ses orientations, est pour une bonne part responsable de cette épiphanie qui n’a pas à nous surprendre et s’inscrit logiquement dans le devenir du sujet contemporain. 

 Pour mieux comprendre les enjeux en présence et l’angoisse sous-jacente à ce développement civilisationnel, il est donc important, pour ne pas dire urgent, d’analyser certains fondements du Moi, ses origines, son vouloir et les éventuels excès pouvant le qualifier. Car face à lui se tient une autre réalité, bien plus sourde et mystérieuse, identifiée depuis la nuit des temps sous l’égide de l’âme. Avec l’idée du Soi, Jung réintroduit et replace sur le devant de la scène cette entité ineffable tout autant que fuyante face à laquelle le Moi se sent dérouté ou défensif.

 Le présent exposé tentera d’éclairer certains aspects de cette dialectique, sans cesse active, entre les volontés égotiques et le point de vue de l’âme – ou de profondeurs – ainsi que certaines tensions qui lui sont inhérentes. 

 

16h-16h30 PAUSE

 

16h30

La table ronde sera animée par Daniel Julien Psychanalyste jungien

 

17h30 Fin du Colloque